Lieu :
Parc Athéna et statue de la déesse Athéna, cernés entre les travées diversement linguistiques des rues Greenshields, Jean-Talon Ouest, des avenues de l'Épée et Bloomfield. (ICI)
Description :
Le parc Athéna occupe le lieu d'un confluent extrêmement riche de cultures, de langues, de noms. Entre la rue Greenshields à l'ouest (James Naismith Greenshields (1852-1937), directeur de la compagnie Park Realty Company of Montreal), l'avenue de l'Épée au nord (Charles-Michel de l'Épée (1712-1789), prêtre, fondateur français de l'Institution des sourds-muets), la grande artère Jean-Talon à l'est (Jean Talon (1625-1694), premier intendant de la Nouvelle-France, nommé par Jean-Baptiste Colbert) et l'avenue Bloomfield au sud (trois interprétations d'attribution ; famille juive d'Outremont ?), la déesse Athéna (fille de Zeus, protectrice de la Cité d'Athènes) contemple et encourage une polyglottie exemplaire de toute métropole. L'affrontement des cultures, c'est d'abord le babélisme des langages. Partout dans la ville, Babel exprime son perpétuel inachèvement à travers les innombrables idiomes qu'elle abrite, couve, sous-entend, déploie, fait combattre, fait aimer.
Le jalon « Glossolalie » souhaite suggérer ce métissage nécessaire entre les langues en réalisant un montage sonore proposé aux passants et participants à l'activité. La bande sonore est composée d'un alliage indifférencié d'extraits littéraires et de simples paroles en différents idiomes, à l'image des toponymes et odonymes qui habitent le parc Athéna et son pourtour : français québécois, français de France, anglais québéco-canadien, anglais britannique, yiddish, hébreu, grec moderne, grec ancien, et quelques autres encore. Le poème « Babel » (1983) du poète montréalais d'origine italienne Antonio D'Alfonso, polyglotte, bénéficie d'une place spéciale.
Voici comment l'écoute de ce montage est présentifiée : des écouteurs, reliés à un lecteur ordinaire, pendent au bras offert de la déesse Athéna, à hauteur d'homme. L'enregistrement est en libre écoute, et dure quelques minutes. Un panneau ou deux collés sur le socle de la statue explique le jalon et cite au complet le poème « Babel » d'Antonio D'Alfonso.
Le poème d'Antonio D'Alfonso (né en 1953) :
Babel
Nativo di Montréal
élevé comme Québécois
forced to learn the tongue of power
vivi en México como alternativa
figlio del sole e della campagna
par les franc-parleurs aimé
finding thousands like me suffering
me casé y divorcié en tierra fria
nipote di Guglionesi
parlant politique malgré moi
steeled in the school of Old Aquinas
queriendo luchar con mis amigos latinos
Dio where shall I be demain
(trop vif) qué puedo saber yo
spero che la terra be mine
(Source : Antonio D'Alfonso, L'autre rivage, Montréal, VLB Éditeur, 1987, cité dans Claude Beausoleil, Montréal est une ville de poèmes vous savez. Anthologie, Montréal, Éditions de l'Hexagone, coll. Anthologies, 1992, p. 196. Voir également le beau poème « Roma-Montréal » à la page suivante de la même anthologie.)
Quelques notes lexicologiques :
glossolalie [glɔsɔlali; glosolali] nom féminin
étym. 1866; de glosso- (langue) et –lalie (parler)
■ Relig. Charisme se manifestant par un don surnaturel des langues.
État extatique surnaturel dans lequel la personne émet des sons inintelligibles pour tous les auditeurs qui ne possèdent pas le don de l’interprétation.
(v. 1950) Psychol. Langage personnel utilisé par certains psychopathes ou dans un but ludique, constitué de néologismes organisés selon une syntaxe rudimentaire.
(Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2007 — Version électronique, article « glossolalie »)
« Tous les dons de l’âge apostolique, en particulier la glossolalie et les extases, se renouvelèrent. »
(Ernest Renan, Marc Aurèle, ou la Fin du monde antique, Gallica)
« Il se livrait aux plus basses pratiques de la thaumaturgie et de la glossolalie, il n’avait de culture d’aucune sorte. »
(Anatole France, Sur la pierre blanche, Projet Gutenberg)
« Pour les pentecôtistes, le signe infaillible de la conversion est la glossolalie, le don des langues accordé aux Apôtres le jour de la Pentecôte. »
(Le Monde diplomatique.fr)
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