Description :
GARER verbe transitifEst d’abord un mot du vocabulaire maritime ; il ne semble pas avoir été utilisé à l’intérieur des terres avant le XVe s. (1415, guerrer) sauf (v. 1180) varer a « se défendre contre », attestation isolée en Bretagne. Le mot viendrait de l’ancien nordique °varask « être sur ses gardes », qui se rattache au germanique °warôn « veiller à, se protéger » (cf. allemand wahren), d’une racine indoeuropéenne °swer, variantes °ser et °wer « faire attention » (cf. garder, garnir). P. Guiraud établit une relation entre varer « garder un navire » et l’ancien provençal varar « lancer » et « échouer (un navire) » dont la source pourrait être le latin vara « traverse » (dérivé de varus « qui a les jambes tournées en dedans ») : on fait glisser le navire sur des traverses de bois quand on le tire pour le mettre à l’abri ; cette hypothèse n’exclut d’ailleurs pas un croisement avec garer « protéger ». La forme moderne n’apparaît qu’au XVIIe s. (XVIe s., garrer).
4 Garer a signifié (1415) « amarrer un navire » puis s’est employé par extension (1664, garrer) au sens de « mettre à l’abri un bateau », d’où viennent les sens courants actuels « se ranger pour laisser passer » (1611, dans se garer), « mettre un véhicule à l’écart de la circulation » (1865) et le sens technique de « ranger (un convoi) hors de la circulation pour laisser passer un autre convoi » (1723, se garer pour un bateau ; 1865 en chemin de fer). Au sens de « mettre à l’abri », garer s’emploie aujourd’hui sans préposition. ¯ Le pronominal se garer de (fin du XIIIe s. ; 1635, se varer à un danger) signifie « prendre garde d’éviter » (cf. la locution figurée [début XXe s.] se garer des voitures « se mettre à l’abri de tout risque »).
4Le déverbal gare n. f. a signifié « distance » (1533) et s’est dit (1690) de la partie d’une rivière, d’un canal où les bateaux peuvent se croiser, se garer. u Le mot est sorti d’usage avec cette valeur qui s’est étendue (1831) au vocabulaire des chemins de fer où les trains peuvent se croiser. ¯ De là, gare désigne très tôt (1835) l’ensemble des installations pour l’embarquement et le débarquement des voyageurs, des marchandises (on a aussi employé embarcadère, jusqu’aux années 1860). Par analogie on parle de gare maritime (1873), de gare routière, puis de gare aérienne (cf. aérogare).
Source : Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’Alain Rey, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, 1998, p. 1557.
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